Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/117

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VIII


Ce fut avec un vif sentiment de plaisir que j’entrai dans la chambre, ou plutôt dans le petit appartement que m’avait préparé ma mère pour ma sortie du couvent des Oiseaux. Il consistait en une chambre à coucher, un grand cabinet de toilette et un salon, dont les fenêtres donnaient sur un jardin, qui s’augmentait de la perspective des jardins avoisinants. Un mur bas, tout tapissé d’un épais rideau de lierre, serrait de ligne de démarcation ; mais la pierre ne paraissait nulle part, et l’on ne voyait qu’une succession d’arbres antiques, de marronniers gigantesques, qui simulaient un parc illimité. À peine si, au dernier plan, l’œil saisissait entre les touffes les plus lointaines l’angle d’un toit, le coude bizarre d’un tuyau de cheminée, signature que Paris appose au bas de tous ses horizons. C’est une satisfaction rare et réservée à la richesse que d’avoir devant soi, au milieu