Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/136

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l’honneur d’être laquais d’une telle maison. Toute la cage de l’escalier, dans laquelle un palazzino d’aujourd’hui eût tenu à l’aise, était tapissée d’immenses camélias. À chaque palier, une grande glace permettait aux femmes de réparer, tout en montant, ces petits désordres que causent à une toilette de bal les manteaux, si légers qu’ils soient, et que trahissait la vive lumière d’un lustre qui descendait, au bout d’un câble doré, d’un plafond en coupole, où, parmi l’azur et les nuages, le pinceau de quelque élève de Lebrun ou de Mignard avait fait voltiger en raccourci une allégorie mythologique dans le goût du temps.

Aux entre-deux des fenêtres on voyait des paysages de forme oblongue, d’un style sévère et d’une couleur rembrunie, qu’on aurait pu attribuer à Poussin, ou tout au moins à Gaspard Dughet. C’était l’opinion d’un peintre célèbre qui gravissait l’escalier à côté de nous, et qui avait encadré son lorgnon dans son œil pour les mieux voir. Aux retours de la rampe, sur les socles où s’accrochait la balustrade, merveille de serrurerie, des statues de marbre, de Lepautre et de Théodon, portaient des candélabres dont la clarté soutenait celle du lustre, et qui, par la gaieté de la lumière, faisaient commencer la fête dès l’escalier.

À la porte de l’antichambre, tapissée de ten-