Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/14

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temps pour produire un arbre, et les parvenus n’en peuvent improviser pour donner de l’ombre à leurs hôtels bâtis avec la hâte d’une fortune qui craint la banqueroute.

Les murs étaient revêtus de cuir fauve, et le plafond se composait d’un entre-croisement de poutres en vieux chêne encadrant des caissons de sapin de Norvège, auxquels on avait laissé la couleur primitive du bois. Ces teintes sobres et brunes faisaient valoir les tableaux, les esquisses et les aquarelles suspendus aux parois de cette espèce de galerie où Malivert avait réuni ses curiosités et fantaisies d’art. Des corps de bibliothèque en chêne, assez bas pour ne pas gêner les tableaux, formaient autour de la pièce comme un soubassement interrompu par une porte unique. Les livres qui chargeaient ces rayons eussent surpris l’observateur par leur contraste ; on eût dit la bibliothèque d’un artiste et celle d’un savant mêlées ensemble. À côté des poètes classiques de tous les temps et de tous les pays, d’Homère, d’Hésiode, de Virgile, de Dante, d’Arioste, de Ronsard, de Shakespeare, de Milton, de Goethe, de Schiller, de lord Byron, de Victor Hugo, de Sainte-Beuve, d’Alfred de Musset, d’Edgar Poe, se trouvaient la Symbolique de Creuzer, la Mécanique céleste de Laplace, l’Astronomie d’Arago, la Physiologie de Burdach, le Cosmos de Humboldt, les œuvres de Claude Bernard et de Berthelot, et