Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/164

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de fer se croisent serrés, et par leurs noirs quadrilles ne laissent du dehors entrevoir que le ciel bleu ou gris. On est là au milieu d’une forteresse élevée contre les embûches du monde. La solidité de la clôture suffit. La beauté serait superflue.

Elle-même, la chapelle ne se livre qu’à moitié aux dévotions des fidèles extérieurs. Une grande grille montant du sol à la voûte, et garnie d’épais rideaux verts, s’interpose comme la herse d’une place de guerre entre l’église et le chœur réservé aux religieuses. Des stalles de bois aux sobres moulures et lustrées par le frottement, le garnissent de chaque côté. Au fond, vers le milieu, sont placés trois sièges pour la supérieure et ses deux assistantes. C’est là que les sœurs viennent entendre l’office divin, le voile baissé et traînant leur longue robe noire, sur laquelle se dessine une large bande d’étoffe blanche, semblable à la croix d’un drap funèbre dont on aurait retranché les bras. De la tribune à treillis où se tiennent les novices, je les regardais saluer la supérieure et l’autel, s’agenouiller, se prosterner, s’engloutir dans leurs stalles changées en prie-Dieu. À l’élévation, le rideau du milieu s’entr’ouvre à demi et permet d’entrevoir le prêtre consommant le saint sacrifice à l’autel placé en face du chœur. La ferveur de ces adorations m’édifiait et me confirmait dans ma résolution de rompre avec le