Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/176

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expectative, les âmes vierges, qui attendaient leur tour de s’incarner dans un corps, sur une planète d’un système quelconque. Il y en avait assez pour peupler pendant des milliards d’années tous ces univers, expiration de Dieu, qu’il doit résorber en ramenant à lui son souffle quand l’ennui de son œuvre le prendra. Ces âmes, quoique dissemblables d’essence et d’aspect, selon le monde qu’elles devaient habiter, malgré l’infinie variété de leurs types, rappelaient toutes le type divin, et étaient faites à l’image de leur créateur. Elles avaient pour monade constitutive l’étincelle céleste. Ces âmes étaient blanches comme le diamant, les autres colorées comme le rubis, l’émeraude, le saphir, la topaze et l’améthyste. Faute d’autres termes que vous puissiez comprendre, j’emploie ces noms de pierreries, vils cailloux, cristaux opaques, aussi noirs que l’encre, et dont les plus brillants ne seraient que des taches sur ce fond de splendeurs vivantes.

Parfois passait quelque grand ange portant un ordre de Dieu au bout de l’infini et faisant osciller les univers aux palpitations de ses ailes démesurées. La voie lactée ruisselait sur le ciel, fleuve de soleils en fusion. Les étoiles que je voyais sous leur forme et leur grandeur véritables, dans leur énormité dont l’imagination de l’homme ne saurait se faire aucune idée, scintillaient avec des flamboiements immenses et farouches ; derrière