Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/183

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avez travaillé cette nuit. Cela va-t-il bientôt paraître ? Est-ce un roman, est-ce un poème ?

— C’est peut-être un poème, répondit Malivert, mais il n’est pas de ma composition : je n’ai fait que tenir la plume sous une inspiration supérieure à la mienne.

— Je comprends, reprit le baron, Apollon dictait, Homère écrivait : ces vers-là sont les meilleurs.

— Ce poème, si c’en est un, n’est pas en vers, et ce n’est pas un dieu de la mythologie qui me le soufflait.

— Pardon ! j’oubliais que vous êtes romantique, et qu’il faut laisser devant vous Apollon et les Muses dans le dictionnaire de Chompré ou les lettres à Émilie.

— Puisque vous avez été en quelque sorte mon mystagogue et mon initiateur au surnaturel, mon cher baron, je n’ai aucun motif de vous cacher que ces feuillets pris pour de la copie, comme disent les imprimeurs, m’ont été dictés, cette nuit et les précédentes, par l’esprit qui s’intéresse à moi et qui semble vous avoir connu sur terre, car vous êtes nommé dans son récit.

— Vous vous êtes servi de medium, parce que les rapports ne sont pas encore bien établis entre vous et l’esprit qui vous visite, répondit le baron de Féroë ; mais bientôt vous n’aurez plus besoin de ces moyens lents et grossiers de communica-