Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/243

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rayonnait au contraire d’une joie céleste, une figure d’une éclatante blancheur et d’une merveilleuse beauté qui devait être la Panagia, et qui posait sur la blessure du voyageur, comme pour lui ôter la souffrance, une main de lumière. Les bandits, effrayés de l’apparition, s’étaient enfuis à quelque distance, et alors la belle dame avait pris l’âme du mort et s’était envolée au ciel avec elle.

On ne put jamais le faire varier dans cette déposition. Le corps du voyageur avait été caché sous une roche déplacée, au bord d’un de ces torrents dont le lit toujours sec en été est rempli de lauriers-roses. Quant à lui, pauvre diable ne valant pas la peine d’être tué, après l’avoir dépouillé de ses beaux habits, on l’avait emmené bien loin dans les montagnes pour qu’il n’allât pas dénoncer le meurtre, et c’était avec grande peine qu’il était parvenu à s’échapper.

Stavros fut relâché ; s’il eût été coupable, il lui eût été facile de gagner les îles ou les côtes d’Asie avec l’argent de Malivert. Son retour prouvait son innocence. Le récit de la mort de Malivert fut envoyé à Mme  de Marillac, sa sœur, à peu près dans les mêmes termes où Stavros l’avait fait. L’apparition de Spirite y était même mentionnée, mais comme une hallucination produite par la frayeur sur le guide, dont le cerveau ne paraissait pas bien sain.