Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/202

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que et d’Espagne, revêtus d’armures étincelantes, étoilés de rubis et de turquoises, drapés de velours, de brocart, de soie et de fine laine blanche, ruisselant d’or et d’argent sous une pluie de lumière.

Sur les marches de l’escalier s’étageaient des groupes d’esclaves, de prisonniers et de captives de toutes les races, les unes demi-nues, les autres disparaissant à moitié sous l’éclat tremblant et grenu des gazes d’or égratignées d’un rayon de soleil, belles comme la Judith, étranges comme la Salomé, — sans compter les types nouveaux rêvés ou trouvés par l’artiste ; ajoutez à cela des coffrets incrustés de nacre laissant échapper des fils de perles, des cassolettes de filigrane, des coupes remplies de dinars et de tomans, des vases d’argent, des buires de jaspe, des plats de poterie des Baléares, irisés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des ruissellements d’étoffes brodées, striées, lamées, des selles et des harnais bosselés d’or, des entassements d’armes plus précieuses que des bijoux, des fleurs pour lesquelles Bulbul ferait des infidélités à la rose, des pigeons au col cerclé de diamants, des gazelles regardant de leur grand œil étonné, et vous aurez à peu