Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/210

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beau sujet pour la peinture qu’un jeune patricien ennuyé et chercheur d’impossible, à qui l’on montre des jeunes filles de tous les pays du monde, et de toutes les nuances, depuis le marbre blanc de la Grecque jusqu’au bronze fauve de l’Abyssinienne. Victor Giraud l’avait traité de la manière la plus brillante, avec ce sentiment de la composition, cette couleur exquise et rare, et cette dextérité merveilleuse d’exécution qui le caractérisaient. C’était de l’antique ; mais plus souple, plus libre et comme rajeuni et renouvelé par la compréhension moderne, à la façon d’André Chénier.

On n’a pas oublié non plus cette scène tragique en costume du Directoire, où un mari jaloux tuait dans l’escalier l’amant de sa femme, qui glissait évanouie sur la rampe avec un mouvement inspiré de la Kitty Bell, d’Alfred de Vigny, apprenant la mort de Chatterton. Ce tableau, d’une audace singulière, préoccupa fort l’attention du public.

Maintenant l’œuvre est interrompue ; la palette a glissé de la main défaillante de Victor Giraud. Trois ou quatre toiles feront survivre cette mémoire. Henri Regnault n’en a guère laissé