Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/305

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la porte du labyrinthe est parfaitement justifiée : la folie nous y engage, la sagesse nous en retire.

Ces deux statues existent encore dans une des caves du château, où nous les avons vues couvertes de poussière et de toiles d’araignée. Elles portent des traces de peinture qui leur prêtent une sorte de vie morte et de réalité spectrale assez effrayantes. L’amour, demi-nu ainsi qu’il convient à une personne mythologique, était peint jadis en couleur de chair, comme disent les enfants. Cette couleur de chair a pâli et pris des tons de cadavre ou de figure de cire dont le fard est tombé, ce qui n’empêche pas de retrouver sans peine sous cette lividité la jeune élégance du fils de Vénus représenté comme l’Eros grec avec la forme d’un garçon de quinze ans.

Ésope est un frappant exemple de réalisme qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans une époque où le mot même n’était pas connu. C’est bien le bossu philosophe, couvert de la souquenille d’esclave phrygien semblable à une blouse de paysan, chaussé de sandales grossières composées de chiffons ou de cordelettes, faisant jaillir l’esprit de toutes les rides de son masque dif-