Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abîmées avaient été écornées, mutilées, atteintes par la flamme et témoignaient par les balafres, dont pas une n’était exempte, du soin avec lequel on avait pratiqué cette dévastation méthodique. Il ne reste plus grand’chose de ces élégants hôtels, de ces confortables installations où le goût s’alliait à la richesse.

Cependant la nuit était tombée, ajoutant sa tristesse à cette désolation et donnant un aspect lugubre et formidable à cet entassement de débris.

Les formes se troublaient dans l’ombre et prenaient des apparences spectrales. La vision se substituait à la réalité avec les grossissements et les métamorphoses des ténèbres. On eût dit au bord de cette rue miroitée de pluie, une série de burgs démantelés le long d’un Rhin imaginaire.

Nous n’avons pas voulu voir ce jour-là la Cour des comptes, le palais de la Légion d’honneur, tant nous avions l’âme navrée, et nous rentrâmes dans le petit logis de la rue de Beaune, où nous avons passé tant d’heures faméliques, après avoir fait un frugal souper, pour recommencer le jour suivant notre pénible tournée.

La Cour des comptes produit au bord de la