Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/339

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flammé dont on les inonda. Les remarquables peintures de MM. H. Lehmann et Bonnat ont péri et ce bel édifice achevé d’hier, qui avait obtenu le prix de cent mille francs, est à reprendre de fond en comble. Les bâtiments de la préfecture de police sont brûlés en partie. C’est là que tout d’abord court l’émeute, car on y garde dans des archives mystérieuses le livre d’or du crime, et chaque factieux croit en lacérant la page qui le concerne anéantir à tout jamais son passé. Là, par des mains inconnues, sont notés les vols, les faux, les meurtres, les infamies de toutes sortes, les années de prison ou de bagne. Toute existence déclassée et suspecte a son dossier. À un moment donné, les trahisons ensevelies dans l’ombre reparaissent hideuses et livides, et dans le tribun nouveau se révèle l’ancien espion. À la préfecture de police, on sait « où est le cadavre, » aussi est-ce la delenda Carthago de l’insurrection.

Malgré la gravité des dégâts, la silhouette extérieure de ces édifices pourra être conservée ou rétablie, et le passant, traversant la Seine au débouché du Carrousel, jouira toujours de cette vue splendide, sans rivale au monde, et qui sert