Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/345

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stucs des parois se détachaient par larges croûtes et s’écrasaient sur les parquets dont le bois avait brûlé. Le marbre des colonnes converti en chaux était devenu spongieux ou friable. Nul vestige de l’ancienne magnificence. La galerie des fêtes affreusement saccagée ne gardait des peintures de Henri Lehmann que de vagues traces dans les arcatures et les pénétrations latérales. Tous les grands panneaux de la voûte n’existaient plus. Cet immense travail presque improvisé qui faisait tant d’honneur à l’artiste, s’est effondré avec la voûte elle-même. Dans la salle des cariatides voisine de la galerie des fêtes, on distingue encore à peu près, à travers la suie, les ampoules et les craquelures, les compositions de Cabanel représentant les Douze mois. On en retrouve sous le voile de fumée les principales lignes, mais les couleurs carbonisées n’ont plus leur valeur. De tous les mois de l’année, Janvier est celui qui a fait la plus belle résistance : il est resté presque intact. Un poëte du seizième siècle n’eût pas manqué d’équivoquer et de faire des antithèses sur ces glaçons et sur ces flammes, sur ce combat de Vulcain contre l’Hiver, combat où le dieu des frimas avait eu l’avantage. Ces peintures char-