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Deuxième tableau

Une galerie illuminée à giorno, avec des colonnes et des arcades, laissant entrevoir au bas d’une terrasse des jardins vaguement éclairés par la lune, et des ruines d’édifices.

Les invités affluent dans la salle du bal, les danses se forment et se succèdent ; Gemma porte au côté la rose de SantaCroce, et reste soumise à son influence ; aussi l’accueillet-elle favorablement lorsqu’il se présente à elle. Massimo, jaloux qu’elle ait mis près de son cœur cette fleur d’abord dédaignée, lui en demande le sacrifice ; Gemma, cédant à la puissance de l’amour vrai, tend au jeune artiste le talisman corrupteur, et, redeveuue maîtresse d’elle-même, danse avec ses amies et avec Massimo. — Santa-Croce a tout vu, et se promet de ressaisir son pouvoir.

Quand Massimo reconduit Gemma à sa place, la danse terminée, le marquis s’approche et invite la jeune fille à son tour. Celle-ci, rendue à son antipathie naturelle, refuse de danser avec Santa-Croce, dont la figure pâle, les yeux impérieux et la bouche dédaigneuse, lui inspirent de l’effroi comme une apparition surnaturelle, et se prétend fatiguée par la lumière, le bruit et la chaleur ; elle se lève, et demande à son tuteur, le comte de San-Severino, la permission de se retirer, en le priant de ne pas interrompre la fête pour cela ; les danses continuent : Santa-Croce, se tournant vers la porte par où est sortie Gemma, concentre sa volonté et ordonne mentalement à la jeune fille de reparaître dans la salle de bal. En effet, Gemma revient à pas de slatue ou de fantôme, se mouvant d’une manière automatique ; ses yeux grands ouverts semblent ne pas voir. Elle se dirige vers Santa-Croce, lui prend la main et l’entraîne dans le cercle de la danse ; le