Page:Gautier Siraudin - Un voyage en Espagne.djvu/23

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riche, et mon frère, qui est aussi mon tuteur, veut garder tous mes biens ; il voit moins en vous un amant qu’un voleur… il s’est accoutumé a regarder ma fortune comme la sienne. Autrefois, il m’aurait fait entrer en religion ; mais maintenant les couvens sont fermés ; ce moyen lui manque, et il tâche de tenir les amoureux à distance. Jamais duègne revêche n’a marché de plus près sur les talons d’une jeune fille ; jamais barbon jaloux n’a surveillé plus étroitement une jolie femme coquette, et je tremble en pensant au danger qui nous menace… s’il vous savait seulement dans cette ville… J’ai eu toutes les peines du monde à m’échapper pendant qu’il faisait la sieste et il ne dort pas toujours des deux yeux à la fois.

D. RAMON.

Don Ramon de la Cruz n’a peur de personne.

CATALINA.

Mais il vous tuerait.

D. RAMON.

Ou je le tuerais.

CATALINA.

La belle avance ! si mon frère vous tue, ou si vous le tuez, plus de mariage… Soyez prudent… Partez.

D. RAMON.

Mais pourquoi ?…

PABLO, accourant.

Sauvez-vous, jeunes gens… voici votre frère Inigo… qui rôde de ce côté… Tenez, cette porte donne sur la place San-Antonio… Allez…




Scène IV.


PABLO, INIGO, paraissant au fond.


PABLO.

Il était temps !

D. INIGO.

Il est trop tard… les oiseaux sont dénichés… mais