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moins coupable que l’autre… il a payé peu cher le crime… du rhum… et l’on ne finissait plus.

— Qu’entends je, s’écrie Mélas, on m’accuse moi, l’ami le plus cher de George ? on ose croire cet être immonde qui n’a pas la raison à lui.

C’est ta faute, maître… non tu n’es plus mon maître… c’est ta faute… Tu m’as dit alors : frappe… ça paiera bien, et j’ai frappé.

Honte ! honte ! s’écrie un brave milicien de 1812. Aux fers, ce lâche ami, ou plutôt ce perfide ennemi, ce serpent réchauffé dans un sein ami.

Ce fut alors un bruit grossissant. Le médecin venait de terminer ses opérations. On aurait dit que George eut un moment de calme. Relevant son front pâle que soutient Alexandrine, il jette un regard dans la salle. Voyant Mélas, il a un mouvement de dédain, et réunissant ses forces : Va ! lui dit-il, je te pardonne. Il ne put en dire davantage, sa tête retombe inerte et le sang se prend à couler.

Alexandrine devint presque mal, à la vue de cette blessure d’où dégorgeait un sang noirâtre.

À ces paroles inattendues de la part de George, Mélas se redresse ; comme un tigre, il semble s’acculer à la cloison pour mieux se défendre. Déjà on s’avance pour le saisir, mais prompt comme la foudre, il ouvre la porte et fuit vers le rivage.

Ceux qui couraient à sa poursuite purent entendre : « C’est vrai, je suis coupable, mais ma vengeance n’est pas finie. »