Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/139

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aux saints lieux, la folle alla éteindre les deux cierges allumés qui avaient été placés aux pieds et à la tête du petit cercueil ! Ainsi va la vie, dit-elle tout haut ; un souffle l’éteint ; puis se dirigeant vers l’autel de la Sainte Vierge, elle parut se recueillir. Oh ! il y avait un travail qui se faisait dans son esprit, mais c’était en vain qu’elle essayait à ressaisir le fil de ses idées et de ses souvenirs. Il y avait des gouttes de sueurs à ses tempes, et sa main droite comprimait son front comme si elle eut voulu en faire jaillir un éclair qui aurait pu illuminer ce qu’elle ne pouvait débrouiller. Tout à coup ses mains se joignent et s’élèvent vers la Madone, la même où George lui avait juré fidélité ; elle se prit à chanter son éternel refrain :

Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.
D’ici je vois la vie, à travers un nuage,
S’évanouir pour moi dans l’ombre du passé
L’amour seul est resté…

Ici elle s’arrêta et se prit à réfléchir. L’amour, dit-elle… et son esprit cherchait toujours. C’est en vain qu’elle travaillait…

………………… comme une grande image
Survit seule, au réveil, dans un songe effacé.

Elle aurait pu ajouter, la pauvre mère :

Mes jours tristes et courts comme les jours d’automne
Déclinent comme l’ombre au penchant des côteaux
.........................
Et seule je descends le sentier des tombeaux.

Hermine pleurait, en entendant cette voix pure et