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fondre sur lui. Arrivée près du berceau d’osier, Alexandrine en ouvrit les rideaux, et montrant l’intérieur à George, elle lui dit : C’était son nid ; voyez comme il était doux et soyeux. Comme elle dormait bien dans ce petit lit que je lui avais préparé d’avance. On est venu, au sein des ténèbres, par ces portes, et elle montrait par où la Chouette était entré. Puis la nuit est venu obscurcir mon cœur. Je ne retrouve plus mon enfant. Je l’ai demandée à la Madone, aux passants comme aux flots du fleuve et aux échos des bois. Oh ! si mon George avait été ici, il ne l’aurait pas emportée, mon Armande. Quand je vous ai vu sur le seuil de la porte, j’ai cru que vous veniez m’apporter mon enfant. Mais non ; je dois l’attendre ; elle reviendra bientôt.

Conçoit-on la douleur de George, à la vue de ces ruines mortelles qui attristaient son cœur sensible atterraient son âme portée vers les saintes joies de la famille ? Il n’ose regarder autour de lui, sonder l’immensité de l’épreuve qui vient de fonder sur lui. Il n’a déjà que trop devant ses yeux la triste et froide réalité qui lui donne presque le vertige et ébranla pour ainsi dire tout son être.

Pauvre Alexandrine ! dit-il, en regardant sa femme qui berçait un berceau vide de son enfant, toi que j’aimais plus que ma mère, plus que moi-même, pourquoi le ciel t’a t-il frappée ainsi ? Quel choc pénible a pu ébranler ton cerveau ? Oh ! je le com-