Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/153

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blancs, comme l’oiseau de nuit qui crie au-dessus de ma cabane quand le feu brûle à la porte, fuit à la vue du chasseur ? Tu craignais les Visages-pâles comme l’on craint l’homme de la prière ; tu redoutais leur morsure, comme celle du serpent que ne peuvent guérir les amulettes de nos jongleurs.

— Ferme ta bouche pleine de fiel, dit Mélas, jamais les abeilles ne se poseront sur tes lèvres, car elles y mourraient. Depuis quand Bison-des-Plaines se permet-il de venir insulter le Hibou dans sa cabane ? Mais l’aigle méprise le ver de terre qui rampe dans l’herbe ; voilà pourquoi je n’ai pas marqué ta joue d’un soufflet.

— Oh ! oh ! j’ai vu dans la forêt un ver se mettre au pied d’un arbre géant, et après quelque temps ce n’était plus qu’un corps mort qui s’abattait sur le sol ; c’était l’œuvre d’un ver. Oh ! oh ! prends garde au ver qui rampe. Et puis il est des plantes aux tiges flexibles qu’on croît broyer en pilant dessus, et quelques heures après elles sont dressées vers le ciel ; ainsi prends garde à toi ; et il sortit, laissant Mélas étonné de tant d’audace dans un enfant de dix ans.

Ce sera un ennemi à vaincre, se dit-il, Oh ! je le sens bien, ma tâche n’est pas finie. Bison-des-Plaines a compris qu’un mystère enveloppait la venue de l’enfant sous ma tente.

Femme, dit-il à la vieille sauvagesse qui faisait boire l’enfant, pleurant et demandant sa mère, femme, que Bison-des-Plaines ne franchisse jamais