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figure était décharnée et osseuse, avec des pommettes saillantes. Ses yeux avaient conservé leur flamme vive et perçante. Il avait encore une sûreté de coup d’œil rare. Pas un plus que lui, dans la tribu, n’avait eu sa justesse de tir, sa légèreté à la course, son infatigable ardeur dans les marches sans nombre que ces populations nomades sont obligés de faire. Il avait la poignée solide et un jarret d’acier.


IV

UNE HAINE SAUVAGE.


Dieu suscitait-il Bison-des-Plaines comme l’exécuteur de sa justice ici-bas ? L’instrument était faible, à cette heure ; mais le temps allait venir avec l’âge centupler les forces du jeune sauvage, et le Hibou pouvait s’attendre à une lutte acharnée.

Bison-des-Plaines n’avait pas été sans remarquer le soin que prenait Mélas pour cacher le mystère qui recouvrait la venue de l’enfant blanc, au sein de la tribu. À peine avait-il quitté la cabane où Mélas avait jugé de la hardiesse du jeune sauvage, qu’il alla heurter la porte du wigwam où reposait la Chouette.

— Salut à toi, frère, dit Bison-des-Plaines. Le Hibou a amené au village une visage pâle qui ne sait pas encore parler.

— Oui.

— Où l’a t-il prise ?

— Là bas, de l’autre côté de la grande rivière. Elle est belle comme une rose sauvage épanouie au matin d’un beau jour.