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bou, colère qui le porterait à se venger sur le champ. Ce qu’il avait pensé était arrivé. Il était auprès du lit de la victime de la vengeance de Mélas.

La Chouette fut assez longtemps entre la vie et la mort. La nature robuste l’emporta et on le vit revenir graduellement à la santé. Ce n’était plus le même homme. Une lueur étrange s’allumait parfois dans son grand œil noir. L’enfant des bois méditait. Au coup de crosse datait une haine mortelle, une haine de sauvage, implacable et sans trêve ni merci.

Mélas l’avait compris, et l’orgueil le poussa à lutter ; il avait pour lui l’appui du Chef ; il croyait que cette protection le rendrait invulnérable. Et puis il n’était pas sans adresse, le Hibou ; il se croyait de taille à entreprendre le combat contre la Chouette et Bison-des-Plaines.

Ces deux derniers, dans une entrevue secrète, se jurèrent fidélité et l’un épousa les idées de l’autre.

Écoute, frère, avait dit Bison-des-Plaines, tu te fais vieux ; ce coup t’a abattu ; tes forces ont diminué ; eh ! bien : moi qui suis robuste comme le chêne de nos bois, laisse-moi la tâche de te venger et de punir ce maudit Visage-Pâle. Il saura expier par la main du Bison-des-Plaines, ce qu’il a fait souffrir.

Mélas attendait l’orage de pied ferme. Qu’importe deux hommes de la tribu tournés contre moi ? Réussiront-ils à enlever la confiance que le Chef a en moi ? Jamais. — Enlèveront-ils la Fleur-du-mys-