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nir demeuré vivace, à l’exclusion de tout autre : le souvenir de l’enlèvement d’Armande par les sauvages.

Ainsi se passèrent les quinze années écoulées depuis la disparition d’Armande, sans amener de changement dans l’état d’Alexandrine, si ce n’est un peu plus de calme dans les nerfs et partant des moments plus longs de lucidité ; il y avait plus de sang aux joues : signe d’une vitalité qui pouvait faire espérer, sinon un changement radical, du moins un mieux sensible. George ne perdait pas espoir. Dieu devait-il écouter la voix de celui qui pouvait dire :


Une heure est plus qu’un siècle au sablier du temps.
Quand la borne douleur en compte les instants.


Laissons faire les événements. Tout vient à point à qui sait attendre ; et George, plein d’espérance chrétienne, savait attendre, se confiant en Dieu.


VIII

UN COUP DE TOMAHAWK.


Bison-des-Plaines avait dit à Laurent, après lui avoir avoué le secret de l’enlèvement de Fleur-du-mystère et des maltraitements auxquels elle était soumise : « Fais ce que je t’ai dit et laisse moi le reste, tu auras de mes nouvelles bientôt. » Il devait tenir parole.

Depuis longtemps l’indien attend l’occasion de venger l’affront fait à la Chouette par le Hibou. Le sauvage est dissimulé de sa nature ; la rage peut gronder dans son cœur, sans qu’aucun indice ne se manifeste à l’extérieur, comme ces volcans qui