Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rage.

Disons, en passant, que Laurent n’avait pas de doute sur la mort certaine de Hibou, car il savait Bison-des-Plaines assez fielleux pour ne pas manquer sa victime, et lui infliger simplement une faible blessure.

Quand les deux fugitifs se virent loin de toute portée de vue du village, ils laissèrent le courant les monter, et eux se reposèrent un peu pour mieux nager ensuite. Alors s’engagea entre eux une conversation soutenue, trop longue pour être racontée ici.

Laurent parla de l’enlèvement de Fleur-du-mystère qui vint au monde dans un village de la rive Sud, à une journée et demi du village Indien ; il lui dit alors comment Bison-des-Plaines, prenant toujours pour le faible contre le fort, s’était constitué le défenseur de cette enfant, nouvelle venue au village sauvage. Le temps s’écoula ainsi.

Le soir les prit aux bords de l’île aux pommes, non loin des terres du Sud. Ils s’arrêtèrent sur la pointe Nord de l’île, et se décidèrent à y passer la nuit. Là, pas de tente ; il fallait se résigner à passer la nuit à la belle étoile. Laurent renversa le canot qu’on avait monté sur l’île, et fit un feu tout auprès, où l’on fit cuire le repas du soir.

Quel magnifique panorama alors se déroula sous leurs yeux enchantés, à cette heure où le soleil venait de disparaître derrière les montagnes du Nord. Là-bas, en face, vers le Nord-Ouest, l’Isle-Verte avec sa chevelure légendaire et poétique de sapins et d’épinette, avec ses rochers couverts de verdure, qui montent en amphithéâtre de la mer et s’abaissent ensuite vers des prés verdoyants et émaillés de roses