— Je le crois bien, reprend l’autre. Les Anglais vont comprendre ce que sont les Canadiens défendant leurs terres, leurs droits, leurs femmes et leurs enfants.
— Écoute, ami, dit Mélas. Bientôt nous irons au feu. Si je meurs, sauve mon corps ; si tu tombes, je te sauverai. Attendu ?
— Attendu.
Et leurs mains se rencontrèrent dans une muette et éloquente étreinte.
Soudain une clameur s’élève dans les airs. Des cris de Victoire ! victoire ! retentissent avec une force éclatante. On aurait dit que dix vastes poitrines de bronze lançaient dans les airs ces hourras formidables.
— Qu’est-ce donc ? s’écria Mélas. Il n’achevait pas qu’un sergent monté sur un cheval canadien passa, en criant : Courage, sentinelles, les Anglais sont battus à St-Denis.
C’est de bon augure, ami, dit Mélas.
— Tant mieux, nous allons guetter à notre poste avec plus de courage et d’espérance.
Mais soudain les cris se sont tus, et un coup de feu a fait lever les têtes et diriger les yeux vers la plaine.
Les habits rouges ! les habits rouges ! Les Anglais ! Tels étaient les cris confus que venaient soudainement éteindre les transports de la joie causée en apprenant la victoire de St Denis. En effet, les