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je ne le mesure pas à la richesse de celui qu’elle doit prendre, mais aux qualités qui l’ornent. La vie est trop courte et trop pleine de troubles, de larmes et de déceptions pour augmenter encore son aridité par un refus, quand je sais que le cœur de notre Armande désire, elle aussi, cette union. Ainsi, j’accepte pour Armande votre protégé, Monsieur le Curé, votre ami, le sauveur d’Armande.

— Je n’attendais pas moins de votre bon cœur, répondit le Curé. J’estime Laurent, et je lui ai avancé l’argent nécessaire pour commencer un établissement qui deviendra prospère, j’en ai la certitude. Soyez contents, vous avez fait des heureux ; et quelle joie de le faire, quand il y a tant de bonheur qui se perd dans le monde. Le mariage, en unissant ces deux êtres qui s’aiment, ne fera qu’augmenter la famille d’un membre.

La cérémonie fut fixée à une date prochaine. Elle suivit la première communion d’Armande de quelques jours seulement.

Ce fut une fête que ce mariage. La chapelle avait revêtu ses plus beaux ornements, des érables élégants ornaient la nef et le chœur, et reposaient la vue par ce tableau frais et verdoyant ; il y eut des voix limpides qui chantèrent, et la voix grave du prêtre troubla seule ensuite le silence du temple, en parlant avec âme de la sainteté du mariage, de ses devoirs et de ses exigences.

Laurent et Armande étaient unis pour la vie ; désormais au bras l’un de l’autre, ils allaient jouir de leur bonheur bien mérité.