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PROLOGUE.


Sous la froide dalle du temple paroissial, une jeune personne est en prière. Ses mains jointes, sous le regard de la Madone illuminée des feux d’un candelabre, ses lèvres laissent passer un profond soupir, signe non équivoque d’un malaise poignant, si ce n’est pas une douleur sans remède. Un silence religieux et solennel, une atmosphère de bonheur, de sérénité et de paix inondent à cette heure le saint lieu. L’orgue semble dormir là haut, tout près de la voûte blanche. La lampe du sanctuaire tournoie lentement, colorant des couleurs du prisme les objets placés dans le rayon lumineux parti de son foyer.

Une femme au saint lieu à cette heure de recueillement et de prière, c’est la souffrance recherchant l’ombre pour prier et soulager l’âme du fardeau qui l’accable ; c’est la résignation accourant sur les ailes de la foi pour offrir à Dieu le sacrifice d’une vie troublée, d’une vie qui n’est qu’une chaîne d’épreuves.

Elle est là oubliant l’heure, cette jeune personne au front blanc, dont les lignes accentuées dénotent un esprit supérieur ; ses cheveux ondoyants ont des reflets pâles d’acier ; ses yeux ressemblent à cette partie infiniment petite du ciel bleu qu’on aperçoit