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— Armande ne s’est pas éveillée depuis mon départ, Hermine ?

— Non, madame ; elle a bien dormi, c’te chère petite. Mais elle est éveillée à c’t’heure, regardez d’ici ses petites mains roses qui semblent chasser les anges qui l’entourent, elle aussi un ange.

À cette vue, la mère heureuse, palpitante, s’élance, et saisissant son enfant dans ses bras, elle le navre dans un long et chaleureux baiser : un baiser de mère. Viens donc, chère enfant, tout mon trésor, viens donc que je t’embrasse de la bouche et du cœur ; et elle l’étreignait sur son sein, au risque de lui faire mal. Pauvre chérubin, montre-moi tes yeux bleus comme le ciel, et elle la maintenait debout sur ses propres genoux. Regarde maman chérie. Cher portrait de mon George bien aimé. George est ton père, mon petit enfant ; oui, c’est ton père. Tu ne le connais pas, toi. Lui non plus il ne t’a jamais vue. Oh ! comme nous allons t’aimer à nous deux, comme nous allons t’embrasser ; on te meurtrira de caresses. Ta petite langue ne pourra pas nous parler, mais nous mirant dans tes grands yeux, nous comprendrons ton bonheur ; ton cher sourire nous récompensera. Et la mère se plut à répéter à son enfant ces mille douces et suaves paroles que renferme le vocabulaire d’une jeune mère auprès de son enfant.

Et pendant qu’elle parlait ainsi au petit être encore au seuil de la vie, et qui paraissait vouloir saisir le sens des paroles de sa mère, tant il ouvrait de