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glais, la musique, le chant, le dessin, la peinture, la littérature, la danse, pour me marier avec un homme qui n’aimerait pas les arts.

« Le lendemain de ma sortie du pensionnat, ma mère me dit : « Vous épousez un riche marchand de couleurs de la rue de la Verrerie. » Ma première question fut celle-ci : « Sait-il la musique ? — Je vous dis que c’est un marchand de couleurs, » répliqua ma mère.

« Huit jours après, on me conduisit à la mairie et à l’église…

« J’interromps ma rédaction pour répondre à un correspondant de mon mari, qui me demande, savoir :

« Cent kilogrammes de noir animal.
« Une barrique de vert-de-gris.
« Deux tonneaux de colle.
« Vingt kilogrammes de soude.
« Deux paquets d’assa fœtida.

« Après m’être lavé vingt fois les mains sans succès, je reprends la plume de mes Mémoires.

« Dieu ! quelle triste chose à écrire !… En se couchant, il a mis des bas de laine et un bonnet de coton.

« Je m’y habituerai…

« Mon ami, lui ai-je dit il y a huit jours, m’achèterez-vous un piano ? — Pourquoi faire ? m’a-t-il demandé. Qu’est-ce que cela coûte ? — Douze cents francs. — Douze cents francs ! s’est-il écrié. Avec cet argent j’aime mieux acheter des huiles de baleine et attendre la hausse. D’ailleurs une femme mariée ne touche pas du piano. »

« Je me soumettrai.

« Encore une interruption : mon mari entre............

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Je reprends.

« Quelle science !… « Que lisez-vous là ? m’a-t-il dit avec humeur ; est-ce qu’on lit dans un magasin ? Il y a toujours quelque chose à faire ici. Mettez des étiquettes, empaquetez, mesurez, pesez… — Tout est fait, mon ami, ai-je répondu. — Quel est ce livre ? — The poems of