Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 32 - 1904.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’analyse de l’Enfant n’est pas moins concluante. Une certaine précision des traits et un air assez raisonnable annoncent qu’il est
SAINTE CATHERINE, DÉTAIL DE LA VIERGE AVEC DES SAINTES PAR GÉRARD DAVID
(Musée de Rouen.)
sorti de la première enfance : son nez est grand et droit, son menton assez proéminent, son œil vif ; sa main est déjà développée et ses doigts sont allongés. Il en est de même des pieds, surtout dans la forme qu’ils avaient primitivement : aussi bien dès leur dessin a-t-il été l’objet d’une correction très visible et très ancienne, sans doute même contemporaine de l’exécution du tableau, car sous le triple rapport de la teinte, du ton et de la facture le repeint fait corps avec la matière qui l’avoisine[1]. L’ancien pied — dont le client a peut-être demandé la modification — se distinguait du pied actuel par une longueur plus considérable et par la disposition de l’orteil séparé des autres doigts et redressé. Or, tous ces caractères se retrouvent dans les Enfants de Rouen, de Londres, de Bruges ; tandis que ceux de Memlinc tiennent encore du bébé avec, en conséquence, une figure plus empâtée, un nez plus gros et retroussé, des attaches plus molles,

  1. Au sujet de cette correction, voir plus loin, p. 325.