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CHAPITRE II

Les Jésuites et leurs contradicteurs au xvie siècle. — L’Université de Louvain. — Les congrégations de Auxiliis ; Clément VIII et Paul V contre Molina. — Petrus Aurelius ; l’Université de Paris. — Bérulle et les premiers oratoriens. — Angélique Arnauld, réformatrice de Port-Royal. — Sainte Chantal, saint François de Sales. — Zamet, Saint-Cyran ; saint Vincent de Paul.



Ignace de Loyola, canonisé par Grégoire XV en 1622, a droit au respect de tous les catholiques, et le docteur Launoy, qui n’était nullement janséniste, exagérait son rôle de « dénicheur de saints » quand il disait un jour dans une sacristie : « Donnez-moi des ornements noirs ; tout ce que je puis faire pour cet intrigant dont on célèbre aujourd’hui la fête, c’est de dire pour lui une messe de Requiem. » Le saint fondateur de la Compagnie de Jésus avait les meilleures intentions du monde : il croyait bien faire en exigeant de ses religieux un quatrième vœu, celui d’obéissance absolue au Saint-Siège, et c’était pour transmettre plus aisément les ordres de la papauté que le Gésu était à Rome, à quelques pas du Vatican. Ignace n’avait pas le don de prophétie, il ne prévoyait pas que pour mieux obéir aux papes les Jésuites commenceraient par les annihiler, et que son premier successeur, un intrigant fieffé que l’on n’a pas canonisé, deviendrait ce que la malice clairvoyante des foules appelle encore aujourd’hui « le pape noir ». Moins de dix ans après la mort d’Ignace,