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quelques explications sont nécessaires. Il est certain que sauf deux cahiers du Tiers-État, l’un à Paris et l’autre à Auxerre, personne n’a réclamé la suppression du Formulaire, dont la signature était exigée rigoureusement dans le diocèse de Lyon par l’archevêque Marbœuf, successeur de Montazet en 1788. Partout ailleurs les anciennes querelles étaient manifestement assoupies. Faut-il donc admettre qu’elles se réveillèrent en 1790 ? Je crois pouvoir affirmer qu’il n’en fut rien, parce que la Constitution civile, élaborée par un comité de trente membres, libéraux, libres-penseurs ou gallicans, ne comptait pas quatre jansénistes dans son sein, et parce qu’elle a eu pour premier effet de diviser profondément la petite société janséniste. L’organe officiel du parti, son moniteur, si l’on peut s’exprimer ainsi, ce sont les Nouvelles ecclésiastiques, qui parurent sans interruption jusqu’en 1803, et c’est à cette feuille que l’historien doit recourir pour bien connaître l’état de la question. Or la lecture des Nouvelles ecclésiastiques fait voir avec évidence que le Formulaire et la Bulle Unigenitus ne sont pour rien dans ce qui constitue essentiellement la Révolution française.

Les Nouvelles ecclésiastiques ont été durant l’année 1789 ce qu’elles étaient depuis 1728, un journal de polémique religieuse, et on ne soupçonnerait pas en les lisant qu’il s’était passé au cours de cette année-là des événements tels que la transformation des États Généraux en Assemblée nationale, le Serment du jeu de paume, la prise de la Bastille et les journées d’Octobre. En


    dégénérés à la vérité, donnèrent la main à des athées et à des déistes et, tous ensemble, ils travaillèrent à former une église constitutionnelle, de laquelle ils n’attendaient d’autre service que la destruction de l’unité catholique. »