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la capitulation du 27 janvier 1871. Épouvanté par la Commune, Locré s’enfuit de nouveau ; il laissa le registre au Conseil d’État, et il confia les valeurs à une famille amie qui les cacha dans tous les coins de son appartement. Le registre fut brûlé au quai d’Orsay lors des incendies de mai 1871 ; on mit plus de six mois à rassembler les valeurs, mais il ne s’était rien perdu.

En 1874, Locré eut recours à un jeune professeur pour lui faire rédiger une notice historique à l’usage des visiteurs de Port-Royal, car il admettait volontiers que les ruines du saint monastère fussent visitées par des voyageurs sinon par des pèlerins. La notice anonyme eut l’approbation de Silvestre de Sacy, membre de l’Académie française, qui la jugea trop dure pour Sainte Beuve, et qui lui trouva une allure un peu sévère, ce qu’il appelait « un bon défaut ». En 1875 et durant les années qui suivirent, les documents conservés à la bibliothèque et ceux qui étaient encore détenus par Prosper Faugère furent utilisés pour différents travaux d’histoire et de littérature, et je me trouve ici contraint de rappeler des souvenirs tout personnels. MM. Taine et Renan lurent avec intérêt certains articles de revues ; ils demandèrent à voir l’auteur, et l’un et l’autre l’encouragèrent très vivement. Il reçut de même des encouragements venus d’ailleurs. En 1876, je me suis rencontré, chez l’un des aumôniers du lycée Louis-le-Grand, avec Mgr Maret, évêque de Sura, doyen de la Faculté de théologie de Paris. Il me dit à brûle pourpoint « Vous publiez des choses bien intéressantes. — Monseigneur, elles ne sont peut-être pas d’une « orthodoxie » parfaite. — Continuez, c’est bien intéressant. » Et il me conseilla de tâcher de me faire ouvrir la bibliothèque janséniste. — « Vous la connaissez,