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d’état des façons d’écrire qui peuvent être tolérées, et les jurys d’examen ont été invités officiellement à en tenir le plus grand compte. Mais il n’en demeure pas moins convenu que les écoliers doivent savoir l’orthographe : les circulaires ministérielles n’ont pas modifié la situation.

On ne demandait pas de modifications radicales, on savait trop bien qu’elles seraient impossibles. Constituer de toutes pièces une orthographe nouvelle, fût-elle parfaitement simple et conforme aux lois de la logique, ce serait en ajouter une de plus à celles que la langue française a déjà subies. Ce serait compliquer la difficulté, à moins pourtant qu’un nouvel Omar ne parvienne à détruire tous les ouvrages imprimés ou manuscrits orthographiés à la manière ancienne, contraires par conséquent au nouvel Alcoran, et qu’il n’en reste plus un seul exemplaire sur la surface du globe. Les hommes dont je parle seraient désolés, si l’on obtenait un semblable résultat, car ils aiment les vieux livres et les anciens manuscrits ; ils se contenteraient pour eux et pour leurs enfants de modifications en petit nombre et surtout de simplifications ; ils souhaiteraient en un mot que l’on fit quelque chose. Le malheur est qu’ils ne s’entendent pas bien entre eux, les uns prétendant abolir ceci et conserver cela, les autres au contraire tenant beaucoup à ce qu’on veut supprimer et faisant bon marché de ce qu’on voudrait garder. Les uns raisonnent sur des principes, les autres font intervenir des questions de sentiment ; dans ces conditions-là il est impossible d’aboutir. Mais pourquoi ne laisserions-nous pas de côté, pour quelque temps du moins, les sentiments et les principes ? Ne serait-ce pas le cas d’appeler à notre secours la meil-