Page:Geffroy - Sisley.djvu/23

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sombre que l’étendue d’herbes folles où serpente un sentier blanc, bientôt envahi, perdu. Au fond de l’eau, la pointe du clocher ; à plus de profondeur, les nuages ; à l’infini, le bleu.

Il aime le tracé des routes, tortueuses, bossuées, qui vont vers l’horizon du tableau et parfois tournent brusquement, entourant quelque maisonnette aux murs blancs, quelque maison de paysan que Sisley sût voir revêtue de gemmes par le soleil, quelque bouquet d’arbres aux silhouettes frissonnantes où parmi les jaunes et les verts le bleu du ciel transparait. Ce ciel s’étend, l’air circule, blond et léger. Des personnages causent, font apercevoir la grandeur du paysage. Comme Boudin, Jongkind, Corot, Monet, l’artiste est de plus en plus un peintre de ciels, ciels vastes et tranquilles où palpite, de l’horizon bas au zénith, un feu doux et rose, nuancé de bleu tendre. Tout ce bonheur descend sur la terre. La plaine fertile est coupée de mols vallonnements. Les arbres fruitiers dressent leurs bouquets diaprés de couleurs. Les travailleurs de la terre, debout, appuyés sur leurs outils, sont minuscules au milieu de ces grandioses étendues. Au loin, très loin, des habitations humaines, chacune grosse comme un dé. Et l’on songe au vers magnifique :

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