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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/102

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jeune homme d’une petite ville voisine (le Pont-de-l’Arche) joua d’une manière charmante le rôle du Grand-Seigneur. Nous redonnâmes avec cette pièce nouvelle ma Montagne des deux Amans. Tout cela eut un tel succès, que les applaudissemens et les acclamations firent fondre en larmes madame de Puisieux, et ce fut là mon vrai succès. Après souper, je la reconduisis dans sa chambre, et ce soir madame de Mérode m’attendit vainement dans la mienne, je restai avec madame de Puisieux jusqu’au petit jour. Comme elle m’aimoit !… comme j’aimai depuis !… mais comme j’étois reconnoissante, combien elle m’étoit chère ! cette vertueuse et sensible protectrice !… Ses traits, son aimable physionomie, son costume, le son de sa voix, tous nos entretiens tête à tête sont restés ineffaçablement gravés dans mon souvenir, et surtout la conversation de cette nuit, où elle fut si particulièrement tendre pour moi !… Elle tenoit mes deux mains dans les siennes, elle me regardoit avec un attendrissement inexprimable, et elle me répéta plusieurs fois ces paroles qui me frappèrent : « Oui, vous aurez une destinée extraordinaire !… mais quelle