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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/104

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sir passionné de voir la mer ; elle m’interrompit vivement, en s’écriant : « Eh bien ! nous irons demain à Dieppe. » Je fus si touchée de cette adorable bonté, que mes yeux se remplirent de larmes ; un petit respect humain me rendit honteuse de ce mouvement si naturel, je penchai le visage sur sa main afin de cacher mon émotion ; elle sentit couler mes larmes sur sa main. « Relevez donc la tête, » me dit-elle ; j’obéis, et l’on vit que je pleurois. Elle m’embrassa mille fois avec attendrissement. « Voyez, disoit-elle, si je puis vous refuser quelque chose !… » Il n’y avoit là que des personnes remplies de bienveillance pour moi, cette petite scène les toucha sensiblement.

Nous partîmes, en effet, le lendemain à midi, madame de Puisieux, madame de Mérode, M. de Caraman et moi dans une berline ; nous étions escortés par MM. Damézague, Nédonchel et Vougny qui nous accompagnoient dans une chaise de poste. Le voyage fut très-gai, grâce à toutes les folies de M. Damézague et de M. de Nédonchel, qui, pendant toute la route, nous précédoient aux postes pour jouer des scènes inouïes qui nous faisoient rire aux