Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rut presque aussitôt. Nous trouvâmes le temple très-orné de fleurs, et toutes les dames de la société habillées en vestales, ayant à leur tête madame de Puisieux en grande-prêtresse, et le président en grand-prêtre. Il n’y avoit dans cette petite enceinte que lui seul d’homme. On nous harangua ; madame de Vougny nous chanta de fort jolis couplets. On fit la cérémonie de notre réception. Le jour finissoit : tout à coup nous entendîmes une musique turque fort bruyante, et l’on accourut pour nous dire que le grand-seigneur en personne, suivi d’une nombreuse escorte, venoit pour enlever toutes les vestales. Notre grand-prêtre montra dans cette occasion une fermeté digne de son caractère ; il déclara qu’il n’ouvriroit point les portes. Cependant la terrible musique approchoit avec une effrayante rapidité, et bientôt les Turcs frappèrent à coups redoublés. J’étois d’avis, pour éviter une scène qui me déplaisoit d’avance, qu’on ouvrit, et de nous rendre de bonne grâce ; le président, très-attaché à son plan, et à l’illusion de cette pantomime, me reproche ma lâcheté, et fait dire au sultan que la clôture est sacrée ; alors, quoique les murs fussent assez élevés, tous les