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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/117

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me demandoit mon avis, je ne donnois jamais tort à M. Tiquet, qui me paroissoit toujours un peu opprimé par elle, et que très-souvent je lui donnois nettement toute raison. J’admirai en ceci, comme en beaucoup d’autres choses, le noble caractère de madame de Puisieux, qui ne s’en fâcha jamais. Quand M. de Puisieux lui dit, en ma présence, que j’avois subjugué l’inflexible cœur de M. Tiquet, elle répondit, en riant, que je lui avois fait assez de coquetteries pour cela. Je lui en fis réellement une deux jours après. Je lui demandai le Traité de Westphalie. C’étoit le livre dont il faisoit le plus de cas, qu’il savoit par cœur, et qu’il citoit sans cesse. De ce moment mon crédit auprès de lui n’eut plus de bornes ; il me suivoit toujours des yeux dans le salon ; quand je faisois quelques folies, il sourioit, et même plus d’une fois on le vit rire. Ce qui me fit un plaisir infini, c’est que madame de Puisieux, voyant l’intérêt sincère qu’il prenoit à moi, perdit toute son aigreur contre lui. Il s’en aperçut, et devint lui-même beaucoup plus aimable avec elle.

La chose qui contribua le plus, après la