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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/118

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tendresse de madame de Puisieux pour moi, à me rendre si cher le souvenir de Sillery, c’est que, pendant les trois années que j’y ai passé de suite un temps si considérable, je n’y ai pas éprouvé une seule tracasserie, ni remarqué le moindre mouvement d’envie contre moi. Madame et même M. de Puisieux étoient pour moi ce qu’on ne les avoit jamais vus pour personne ; et ces préférences, marquées en toute occasion, et bien souvent malgré moi, n’ont jamais excité un instant de jalousie ; il est vrai que la maréchale d’Étrée et les nièces de madame de Puisieux, si constamment bonnes pour moi, avoient quinze ou vingt ans de plus que moi ; mais madame de Louvois et ma belle-sœur étoient de mon âge, et pouvoient prétendre aux mêmes caresses, et elles trouvoient tout simple que ces caresses fussent accordées exclusivement à ce qu’elles appeloient ma gentillesse. Je régnois véritablement à Sillery ; rien ne s’y faisoit sans me consulter ; on y prévenoit tous mes désirs ; les domestiques mêmes m’y servoient avec un zèle qu’ils avoient à peine pour leurs propres maîtres. Mais je n’abusois pas de mon empire ; je ne le faisois servir qu’à l’amusement de tout le