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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/122

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dîner ; il étoit très-changé et très-abattu. M. de Puisieux lui fit une scène sur sa gourmandise. Dans ce moment un valet de chambre entra dans le salon en contant que M. de Rénac, qui n’avoit pas dîné, et qui revenoit de la chasse, avoit bu un verre de l’eau de M. de Puisieux, qu’aussitôt il avoit vomi, ainsi que son domestique qui en avoit bu aussi. Là-dessus on reconnoît enfin que cette eau est empoisonnée ; madame de Puisieux crie qu’il faut jeter cette eau, ce qui fut exécuté sur-le-champ, et l’on eut grand tort, car il auroit fallu la garder pour la décomposer. Le médecin qu’on avoit envoyé chercher pour l’abbé de Saint-Pouen arriva ; il trouva le pauvre abbé très-mal, ainsi que Paul, le valet de chambre chirurgien de M. de Puisieux, qui, en passant dans la salle à manger, avoit bu deux fois de l’eau fatale. L’abbé reçut tous ses sacremens dans la nuit, cependant il ne mourut pas. Le médecin déclara positivement que tous les malades avoient été empoisonnés. Je ne m’en ressentois plus ; M. Tiquet buvoit si peu d’eau avec son vin, qu’il n’étoit que foiblement incommodé ; M. de Rénac et son domestique l’étoient davantage, quoique sans