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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/123

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danger ; le coadjuteur et M. de Genlis souffroient beaucoup, et l’abbé et le chirurgien étoient à la mort. Tout le reste de la société n’avoit pas bu de cette eau. On ordonna à tous les empoisonnés de prendre de l’eau thériacale, et ensuite de prendre du lait pour toute nourriture pendant trois jours, et d’en prendre souvent des demi-verres dans le cours des journées. On ne fut plus occupé que de découvrir d’où venoit ce poison ; ce ne pouvoit être un hasard, cette idée nous glaça tous… On fit venir dans le salon le maître-d’hôtel, le fidèle Milot, qui avoit été hors de lui du soupçon sur les casseroles. Nous lui demandâmes comment on pourroit découvrir cet horrible mystère, car nous pensâmes que c’étoit un domestique qui avoit jeté quelque chose dans l’eau, peut-être par méchanceté contre un des valets de chambre, qui, presque tous, en allant et venant, buvoient de l’eau de ces cruches, tantôt à la glace, tantôt sans glace. M. de Puisieux chargea Milot de s’informer de tous ceux qui étoient entrés dans la salle. Milot sortit. Alors chacun de nous rendit compte du caractère de ses gens ; M. de Genlis dit qu’il étoit sur des nôtres. Mon beau--