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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/126

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l’imagina pas lui-même, et c’est une preuve de l’estime parfaite qu’il avoit pour les maîtres du château[1]. Le géant fut interrogé par lui dans la chambre de M. de Puisieux, en présence de M. de Puisieux, de M. Tiquet et de mon mari. Mon beau-frère menaça le scélérat qui nioit tout de le livrer à la justice, s’il ne faisoit pas l’aveu le plus sincère. Enfin il convint qu’il avoit mis dans l’eau, non pas du poison, mais un vomitif. Interrogé vivement sur ses motifs, et pourquoi il avoit choisi l’eau sans glace, et n’en n’avoit pas mis dans l’autre, il répondit qu’il n’avoit pas voulu faire vomir son maître. Comme mon beau-frère le pressoit de dire pourquoi il avoit fait cette méchanceté à d’autres, il eut l’impudence de s’écrier que ce n’étoit pas lui qui devoit hériter de la terre de Sillery… Mon beau-frère vouloit absolument livrer ce misérable à la justice ; M. de Puisieux ne le per-

  1. Pour connoître à quel point depuis nous nous sommes familiarisés avec l’idée du crime, qu’on se figure les commentaires, les soupçons, les convictions calomnieuses qui naîtroient inévitablement aujourd’hui d’un tel fait.
    (Note de l’auteur.)