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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/25

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MÉMOIRES
DE MADAME LA COMTESSE
DE GENLIS.

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Ma première entrevue avec Rousseau ne fait pas honneur à mon esprit et à mon discernement, mais elle a quelque chose de si singulier et de si comique, que je m’amuserai moi-même en me la rappelant. Voici donc l’histoire de mes relations avec lui.

J.-J. Rousseau étoit à Paris depuis six mois, j’avois alors dix-huit ans. Quoique je n’eusse jamais lu une seule ligne de ses ouvrages, j’éprouvois un grand désir de voir un homme si célèbre, qui m’intéressoit particulièrement comme auteur du Devin du village, ouvrage charmant qui plaira toujours à ceux qui aiment le naturel ; car on y trouve une expression musicale parfaitement assortie aux paroles, et qu’on n’a guère vue depuis à ce degré de vérité