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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/33

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étoit naïve. En tout, il est certain que le naturel et la simplicité avoient pour lui un charme particulier. Il me dit que ses ouvrages n’étoient pas faits pour mon âge ; mais que je ferois bien de lire Émile dans quelques années. Il nous parla beaucoup de la manière dont il avoit composé la Nouvelle Héloïse. Il nous dit qu’il écrivoit toutes les lettres de Julie, sur du joli petit papier à lettres et à vignettes ; qu’ensuite il les plioit en billets et les relisoit en se promenant, avec autant de délices que s’il les eût reçues d’une maîtresse adorée. Il nous récita, par cœur et debout en faisant quelques gestes, son Pygmalion, et d’une manière vraie, énergique et parfaite à mon gré. Il avoit un sourire très-agréable, plein de douceur et de finesse, il étoit communicatif et je lui trouvai beaucoup de gaieté. Il raisonnoit supérieurement sur la musique, et il étoit véritablement connoisseur ; néanmoins dans un grand nombre de romances de sa composition qu’il m’a données, il ne s’en trouvoit pas une seule de jolie ou même chantante. Il avoit fait un très-mauvais air à son imitation de la romance de Nice de Métastase, qu’un de mes amis, M. de Monsigny, a remise en