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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/34

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musique pour moi ; l’air en est maintenant digne des paroles, qui sont charmantes.

Il m’avoit donné toutes ses romances avec la musique ; le tout auroit formé un volume très-précieux, puisqu’il étoit entièrement de sa main et de sa composition, paroles et musique. Mais alors on n’avoit pas, comme de nos jours, la manie des souvenirs ; on n’oublioit point ses amis, et l’on attachoit peu de prix à ce qui pouvoit rappeler les indifférens, même les plus célèbres : je dispersai et perdis ce recueil qui n’étoit ni relié ni broché, et que j’ai beaucoup regretté depuis. Rousseau copioit la musique avec une perfection rare ; il me fit beaucoup de peine en m’apprenant qu’il vivoit uniquement du produit de ce petit talent[1].

  1. La marquise de Pompadour, étant parvenue à mettre dans ses intérêts Voltaire, Duclos, Crébillon et Marmontel, essaya, comme elle disoit, d’apprivoiser Rousseau ; mais une lettre qu’elle reçut de lui, la dégoûta de renouveler ses avances. « C’est un hibou, dit-elle un jour à madame de Mirepoix. J’en conviens, répondit la maréchale ; mais c’est celui de Minerve. »
    « Madame,

    J’ai cru un moment que c’étoit par erreur que votre commissionnaire vouloit me remettre cent louis pour