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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/37

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Deux mois après, M. de Sauvigny donna à la Comédie Françoise une pièce intitulée le Persiffleur. Rousseau nous avoit dit qu’il n’alloit point aux spectacles, et qu’il évitoit avec soin de se montrer en public ; mais comme il paroissoit aimer beaucoup M. de Sauvigny, je le pressai de venir avec nous à la première représentation de cette pièce, et il y consentit, parce qu’on m’avoit prêté une loge grillée prés du théâtre, et dont l’escalier et le corridor d’entrée n’étoient pas ceux du public. Il fut convenu que je le mènerois à la comédie, et que, si la pièce avoit du succès, nous sortirions avant la petite pièce, et nous reviendrions souper chez moi tous ensemble. Ce projet dérangeoit un peu la vie ordinaire de Rousseau, mais il se prêta à cet arrangement avec toute la grâce imaginable. Le jour de la représentation, Rousseau se rendit chez moi un peu avant cinq heures, et nous partîmes avec lui. Quand nous fûmes dans la voiture, Rousseau me dit en souriant que j’étois bien parée pour rester dans une loge grillée. Je lui répondis sur le même ton que je m’étois parée pour lui. D’ailleurs, cette parure consistoit à être coiffée comme une jeune personne ; j’avois des fleurs