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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/45

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nie, et non une longue mort, car la mort n’est qu’un instant. Mais on y meurt long-temps, n’en parut pas moins un trait de génie.

Mélanie fut imprimée ; je lus cette pièce, et je n’y trouvai qu’une imitation bourgeoise d’Iphigénie. C’est un père qui veut sacrifier sa fille, et une mère et un amant qui s’y opposent. Mais quelle mère que madame de Faublas, quand elle auroit tant de moyens certains d’empêcher ce sacrifice ! Le Curé est pillé du Comte de Cominge, mauvaise pièce faite avant Mélanie, et il ne paroît que pour discourir fort inutilement. Il devroit agir, et alors il n’y auroit point eu de victime ; le dénoûment est intolérable dans un sujet chrétien, mais l’auteur n’étoit alors ni dévot, ni chrétien. La sensible Mélanie, abjurant la religion, et livrant son père, qu’elle maudit, à d’éternels remords, et sa mère et son amant à d’éternelles douleurs, est un personnage monstrueux. Le suicide est plus odieux encore dans une femme que dans un homme : une femme qui se tue n’est plus une femme. M. de La Harpe, dans la préface de cette pièce, eut le courage et la simplicité de dire que Voltaire lui écri-