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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/54

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madame de Puisieux chez beaucoup de personnes, entre autres chez madame la comtesse de Brione, qui avoit encore des traces de sa fameuse beauté ; c’étoit une figure de Minerve, que l’on pouvoit admirer, mais qui n’avoit jamais dû être bien agréable. Madame de Brione étoit polie, elle avoit des manières remplies de noblesse et de douceur. L’homme le plus remarquable de la société de madame de Puisieux et de la maréchale d’Estrée, étoit le duc d’Harcourt, frère du marquis de Beuvron ; il avoit de l’esprit, du mérite et de la bonté. C’est le seul homme que j’aie connu qui, ayant eu de grands succès auprès des femmes, ait toujours conservé une extrême simplicité de ton et de manières. Je soupois souvent aussi avec le prince Louis de Rohan, qui fut depuis le trop fameux cardinal de Rohan ; il n’étoit pas un prêtre édifiant, mais il avoit la figure la plus agréable, de la gaieté, de la grâce ; il causoit d’une manière amusante, et toujours avec tant de légèreté et de frivolité, qu’il étoit fort difficile de juger son esprit. Tout ce qu’on en savoit, c’est qu’il est impossible d’être borné avec tant d’agrément.

Je rencontrois partout madame de Ségur