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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/55

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la jeune, qu’on appeloit ainsi pour la distinguer de sa belle-mère. Madame de Ségur avoit alors trente-deux ou trente-trois ans, son visage n’étoit pas joli, mais elle avoit de belles dents, une physionomie douce, une taille charmante et beaucoup d’élégance par son maintien et la manière de se mettre. La douceur et la bonté formoient son caractère ; elle étoit aimée de tout le monde, elle le méritoit. M. de Ségur son mari (depuis ministre et maréchal de France), qui avoit eu un bras emporté à la bataille de Minden, étoit le meilleur des hommes, et d’une excellente société ; il a eu constamment depuis mon enfance, beaucoup d’amitié pour moi, il m’a donné des avis utiles, et, quand il a été ministre, il a sur-le-champ accordé à ma mère une pension que je lui demandai pour elle, comme veuve d’un lieutenant général des armées du roi, le baron d’Andlau, son second mari. La mémoire de M. de Ségur me sera toujours chère. Sa mère, fille naturelle de monseigneur le régent, étoit dès lors fort vieille, mais d’une gaieté spirituelle et charmante, aimant les jeunes personnes et s’en faisant aimer par la conversation la plus animée et la plus amusante.