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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/58

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dans une grande dévotion ; mais jamais la piété ne s’est montrée sous des traits aussi aimables. Je vis chez elle la belle madame de Newkerque, depuis madame de Champcenetz[1] ; sa beauté commençoit à se passer, mais elle étoit encore charmante. On pouvoit dire d’elle ce que madame de Sévigné dit de madame Dufresnoy, maîtresse de M. de Louvois, qu’elle étoit toute recueillie dans sa beauté. Le soin de montrer le plus petit pied, ses jolies mains, et de varier ses attitudes, l’occupoit trop visiblement, et si elle avoit eu des dents remarquables, elle auroit certainement eu la gaieté des jolies dents. Il y avoit à cette époque à la cour de fort jolies femmes, entre autres la vicomtesse de Laval[2], et la comtesse Jules,

  1. Madame de Newkerque, long-temps célèbre pour sa beauté, avoit été d’abord connue sous le nom de madame Pater ; elle faillit épouser M. de Lambesc, beaucoup plus jeune qu’elle, et finit par donner sa main au marquis de Champcenetz. On a dit que dans les dernières années de Louis XV, elle avoit eu avec ce prince des relations secrètes si intimes, qu’elle conçut un moment l’espoir de jouer auprès de lui le rôle que Mme de Maintenon avoit rempli auprès de Louis XIV.
    (Note de l’éditeur.)
  2. Elle avoit de la singularité dans la manière de se mettre ; mais son joli visage pouvoit la supporter. Un